Quatre jours après avoir été reconduite à la tête du parti écologiste, Marine Tondelier est revenue sur le devant de la scène médiatique.
Invitée sur TF1, elle a abordé les grandes thématiques politiques et sociales du moment, avec une parole offensive, engagée et sans détour. Décryptage d’une prise de parole stratégique.
Marine Tondelier n’a pas mâché ses mots au sujet de l’institution catholique, qu’elle estime encore trop timorée sur certaines questions fondamentales. Réagissant à la disparition du pape François, l’élue d’Hénin-Beaumont a salué un homme “plus avancé que ses prédécesseurs”, mais a aussitôt souligné les lacunes persistantes de l’Église, notamment en matière de féminisme et de lutte contre les violences sexuelles.
“L’homosexualité n’est peut-être plus un crime, très bien. Mais c’est encore un péché.” Cette phrase résume le fond de sa pensée : les évolutions sont trop lentes et incomplètes. Elle regrette que des mesures concrètes n’aient pas été mises en place, comme la création d’un tribunal ecclésiastique pour les évêques complices de dissimulation ou la transmission systématique des cas de violences sexuelles à la justice. Pour Tondelier, il ne s’agit pas de simples ajustements : c’est une révolution structurelle qu’elle appelle de ses vœux.
Une politique fiscale jugée injuste
Le gouvernement est accusé de frapper les plus vulnérables sans jamais toucher aux plus aisés. Voilà la charge portée par Marine Tondelier contre la possible suppression de l’abattement fiscal dont bénéficient aujourd’hui les retraités. Pour elle, cette mesure, présentée comme technique, est en réalité une injustice sociale de plus dans une longue série.
“On a toujours besoin de boucs émissaires. Et ce ne sont jamais les plus riches.” L’écologiste dénonce une logique perverse où l’on pèse sur les épaules de ceux qui ont le moins de marge. Avec cette réforme, 500.000 retraités non-imposables le deviendraient, et 18,5 millions verraient leur fiscalité alourdie. Une stratégie qu’elle juge injustifiable et qui, selon elle, éloigne encore un peu plus le gouvernement de la justice sociale.
Le vote à 16 ans, une idée à reconsidérer
Sur la question du vote à 16 ans, Marine Tondelier se positionne sans ambiguïté en faveur de la réforme. Elle rejoint ainsi une proposition ancienne des Verts et aujourd’hui relancée par 32 maires en vue des municipales de 2026. Pour elle, il s’agit d’un levier pédagogique puissant pour former de futurs citoyens responsables.
“Le premier vote, on s’en souvient. À 16 ans, on est encore au lycée, on peut en parler, s’informer, comprendre.” Elle défend une éducation civique ancrée dans le réel, qui trouve sa cohérence dans une pratique effective du droit de vote. Plus encore, elle y voit une réponse à l’abstention massive qui gangrène la démocratie. Pour elle, initier les jeunes au scrutin dans un cadre éducatif pourrait enraciner durablement la culture démocratique.
Une défiance grandissante envers les écologistes
La récente déclaration du PDG de Safran, Olivier Andriès, appelant à ne plus investir dans les villes dirigées par des maires écologistes, a mis le feu aux poudres. Marine Tondelier y voit moins une divergence de vues économiques qu’une offensive idéologique. Elle dénonce une “croisade” menée par certains milieux industriels contre les principes écologiques.
“Ce n’est pas une simple réaction économique, c’est un affrontement idéologique.” L’élue fustige les raccourcis pris par ceux qui opposent systématiquement écologie et développement économique. Elle réaffirme au contraire que la transition écologique est compatible avec l’innovation, pour peu qu’on accepte de repenser les priorités industrielles. C’est une vision d’avenir contre une logique de rentabilité immédiate qu’elle oppose.
Une ligne politique à clarifier au sein même des Écologistes
Interrogée sur les tensions internes à son propre parti, Marine Tondelier a préféré l’élégance du silence. Notamment face aux critiques de Sandrine Rousseau, qui l’accuse de transformer les Verts en un mouvement centré sur une seule personnalité, elle botte en touche : “Je ne commente plus les provocations de Sandrine Rousseau.”
Ce refus de répondre est en soi une réponse. Marine Tondelier entend maintenir une ligne politique claire et unie, sans se laisser déborder par les querelles personnelles. Elle affirme ainsi sa stature de leader, préférant la stratégie à la polémique, le fond au vernis. Mais cette posture de hauteur souligne aussi l’existence d’une fracture latente au sein du parti, entre figures médiatiques et ligne stratégique.