Icône du rock français, figure du cinéma et provocateur assumé, Eddy Mitchell reste un artiste inclassable. Derrière sa voix chaude de crooner et son flegme légendaire, se cache un homme franc, parfois provocateur, souvent ironique, mais toujours fidèle à lui-même. Retour sur le parcours d’un monument de la chanson tricolore.
Révélé dans les années 60 aux côtés de Johnny Hallyday et Sylvie Vartan, Eddy Mitchell s’impose rapidement comme une voix singulière. Entre rock, blues et swing américain, il incarne une forme d’élégance à la française, mêlant gouaille populaire et raffinement musical. Ses titres « La Dernière Séance » et « Couleur menthe à l’eau » sont devenus des classiques intemporels, à la fois nostalgiques et universels. Inspiré par Elvis Presley ou Chuck Berry, il s’est forgé une identité entre la France et l’Amérique, entre tendresse et dérision.
Du chanteur au comédien
Eddy Mitchell n’a jamais caché sa passion pour le septième art. Son tube « La Dernière Séance » rend hommage au cinéma américain, et l’artiste passera lui-même devant la caméra. Dès 1962, il entame une carrière d’acteur et enchaîne les rôles marquants, notamment dans À mort l’arbitre ! de Jean-Pierre Mocky ou La Totale ! aux côtés de Thierry Lhermitte — un film qui inspirera True Lies de James Cameron, avec Arnold Schwarzenegger. De 1982 à 1998, il anime sur FR3 l’émission culte La Dernière Séance, un rendez-vous dédié aux films hollywoodiens des années 50. Son amour du cinéma est une part indissociable de sa légende.
L’homme sans filtre
Derrière ses lunettes noires et son allure tranquille, Eddy Mitchell n’a jamais mâché ses mots. Habitué des déclarations chocs, il revendique sa liberté de ton, quitte à choquer. En février 1992, dans l’émission Double Je animée par Thierry Ardisson, il surprend le public par sa désinvolture. À la question : “T’as gagné beaucoup d’argent dans ta vie ?”, le chanteur répond sans détour : “Ouais… et j’espère que ça va continuer, on en a toujours besoin.” Puis, avec humour, il ajoute : “L’argent, c’est fait pour être dépensé. J’ai pas inventé le système.” Ce franc-parler, teinté d’arrogance assumée, fait partie intégrante du personnage : un artiste qui ne s’excuse jamais d’avoir réussi.
Une star entre luxe et lucidité
Lors de cette même interview, Eddy Mitchell évoque sans détour ses cachets : “Un million pour un film, trois millions pour fonctionner.” Derrière la provocation, une vérité : le chanteur est conscient de sa valeur et de ce qu’exige sa notoriété. “C’est dur, hein ? J’imagine qu’il y a beaucoup de gens qui vont pleurer”, lâche-t-il, mi-sérieux, mi-ironique. L’homme aux yeux “couleur billet vert”, comme le surnomment certains, cultive un mélange d’autodérision et de vanité. Il assume son confort matériel autant que ses origines modestes.