Depuis plusieurs jours, les révélations autour des voyages d’Anne Hidalgo agitent la scène politique parisienne.

Entre trajets en business class, dépenses importantes et défense embarrassée de la municipalité, la polémique enfle. Au-delà des chiffres, ces révélations soulèvent une question sensible : quel doit être le rapport entre l’argent public et le train de vie d’une élue majeure ?
Selon l’enquête publiée par Mediapart, Anne Hidalgo voyage presque exclusivement en classe affaires lorsqu’elle se déplace à l’étranger, un mode de transport coûteux que la mairie avait pourtant longtemps démenti. Depuis 2020, la maire de Paris aurait effectué près de 90 déplacements internationaux, dont 20 pour la seule année en cours. Les adjoints, eux, voyagent en classe économique, créant un contraste qui interroge sur les pratiques internes de l’Hôtel de Ville.
Un discours contredit par les révélations
Lors du déplacement controversé en Polynésie en 2023, la mairie assurait que l’élue avait voyagé en classe économique. Or, Mediapart affirme qu’elle avait bien effectué l’aller en classe affaires, ne réservant la classe éco qu’au retour, payé de sa poche après une prolongation privée du séjour. Certains voyages affichent des montants importants : 12 687 € pour un aller-retour à Tokyo ou encore 1 468 € pour un vol Paris–Florence de seulement 1 h 40. Des chiffres qui alimentent les critiques sur l’usage des fonds publics.

Invitée dans Les Grandes Gueules, Flora Ghebali, ancienne collaboratrice à l’Élysée, prend la défense d’Anne Hidalgo. Selon elle, la business class peut se justifier dans certaines conditions, notamment en cas d’enchaînement de vols longs ou de missions à enjeu diplomatique. Pour représenter la France et assumer un emploi du temps chargé, dit-elle, dormir dans l’avion n’est pas un luxe mais une nécessité. Elle rappelle que plusieurs entreprises privées appliquent la même logique pour leurs salariés exposés à de longs trajets réguliers.
L’indignation de Mourad Boudjellal
Cette argumentation ne convainc pas tout le monde. L’entrepreneur Mourad Boudjellal s’emporte au contraire contre ce qu’il décrit comme « une oligarchie qui s’est arrogée l’argent public ». Pour lui, ces voyages en classe affaires témoignent d’une déconnexion profonde entre certains élus et le quotidien des citoyens. Il va jusqu’à proposer que la maire rembourse la différence entre la business et la classe éco : un geste symbolique destiné à rappeler que chaque euro dépensé demeure un euro public.
Le journaliste Olivier Truchot appelle pour sa part Anne Hidalgo à s’inspirer des pratiques de la gauche nordique, où les élus adoptent une grande sobriété dans leurs déplacements et leur représentation officielle. L’idée : réduire le fossé perçu entre responsables politiques et citoyens, et éviter tout mélange entre voyages officiels et séjours privés. Ce débat renvoie à la question plus large de la transparence, de la modération et de la responsabilité dans l’utilisation des deniers publics.










